Aux racines du syndicalisme calédonien

Ce livre est disponible à la délégation DOM/TOM de la CFDT (2ème étage 4 bd de la Villette, 75955 Paris Cedex 19) au prix de 22 euros (paiement par chèque, exclusivement,  à l'ordre de la CFDT)

Le premier recueil sur l’histoire du mouvement syndical calédonien vient de sortir. Rédigé par le journaliste Henri Israël à la demande de l’Usoenc, ce livre est une plongée passionnante dans les entrailles de la vie sociale et syndicale du pays.

Le saviez-vous ? Le premier syndicat kanak n’est pas l’USTKE mais le syndicat « Progrès et travail » créé en 1969 par Dick Ukeiwé et Gaston Hmeun. « Mais c’était un syndicat bidon créé par la SLN pour casser les conflits », précise Henri Israël, auteur du livre Une histoire du mouvement syndical en Nouvelle-Calédonie, qui vient de paraître aux éditions Île de lumière. « Rapidement conscient de la situation, Gaston Hmeun quitte le syndicat », poursuit l’écrivain qui enchaîne anecdote sur anecdote. Il raconte avec passion sa découverte des archives de Jean Poinat, prêtre-ouvrier au Nickel. « Des cartons traînaient dans un coin du bureau Soenc Nickel. Personne ne savait trop ce qu’ils contenaient. Ce sont les archives du syndicat de 1963 à 1985 qui y dormaient. Une mine de renseignements ! »

« Le syndicalisme, c’était mieux avant ! »

Cet ouvrage commandé par l’Usoenc apparaît dans un vide abyssal au niveau de l’histoire calédonienne. « Nos vieux syndicalistes étaient tristes de constater qu’il ne restait rien de leur travail, confie Didier Guénant-Jeanson, secrétaire général de l’Usoenc. On l’a fait pour eux. »

« Ce livre était une nécessité impérieuse, précise José-Louis Barbançon, historien. Même les manuels d’histoire refusent d’aborder le sujet. » Sujet pourtant extrêmement dense qui a nécessité plus de deux ans de recherches et plusieurs séjours en Calédonie pour Henri Israël. Ce dernier s’est plongé durant un mois et demi dans les archives, a pu consulter les statuts des divers syndicats grâce à l’aide de la mairie et a même pu mettre son nez dans les armoires de la Direction du travail. Il a surtout rencontré tous ces anciens qui ont fait l’histoire syndicale du pays : les Drayton, Mussot, Champion, Mennesson… qui d’une seule voix affirment en souriant : « Le syndicalisme, c’était mieux avant ! »

« Dans les années cinquante, on voit défiler blancs, noirs, Asiatiques au coude à coude pour l’égalité des salaires entre les différentes ethnies, rappelle José-Louis Barbançon. Ces manifs, prélude au Destin commun, ne sont jamais évoquées car elles viennent du petit peuple. »

300 pages d’histoire

Le « petit peuple » a donc maintenant son histoire inscrite dans un livre. Et son auteur de préciser : « L’histoire sociale n’est pas un sous-produit de l’histoire politique. Elle est très riche.» Tellement riche que cet ouvrage qui devait tourner à 300 pages, en fait plus de 400. « Et j’ai été obligé de faire des choix douloureux.» Henri Israël espère aujourd’hui qu’un Calédonien prendra la suite. « Car il y a encore beaucoup de choses à dire sur l’histoire syndicale du pays.»

Patricia Calonne
LES NOUVELLES-CALEDONIENNES
Mardi 27 novembre 2007