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Madame, Monsieur,
Dès mon arrivée au Quai d’Orsay, j’ai engagé une rénovation en profondeur de notre appareil diplomatique. J’ai proposé, avec l’accord du Président de la République, de faire de notre ministère le « ministère de la mondialisation ». Dans ce projet, la diplomatie d’influence a naturellement une place essentielle.
La mondialisation s’accompagne d’une compétition accrue dans tous les domaines. La prospérité et la sécurité de notre pays, la promotion de nos intérêts et de nos valeurs passent par une capacité renforcée à projeter notre langue, notre culture, nos idées, notre vision de la société et du monde. Pour faire connaître nos approches. Mais aussi pour nous imprégner de celles des autres.
C’est là, j’en suis convaincu, une politique qui relève essentiellement de l’État et une des missions fondamentales du ministère des Affaires étrangères et européennes.
Comme vous le savez, notre action nécessite une profonde réforme. L’érosion des moyens budgétaires, l’absence de stratégie claire et pérenne, la gestion insatisfaisante de la carrière des agents comme l’absence de formation spécifique, la faible visibilité de notre dispositif, tant à Paris qu’à l’étranger, ont conduit au découragement des acteurs de notre action culturelle extérieure et à la multiplication des critiques.
L’importance des enjeux, tant pour l’action extérieure de notre pays que pour l’efficacité de notre ministère, m’a conduit à demander à ce que toutes les options, toutes les possibilités soient explorées avant de décider d’un schéma global de réforme. C’est à l’issue de ce travail intense et en toute connaissance de cause que j’ai pris la décision de conduire une réforme à la fois ambitieuse et nécessaire.
Aujourd’hui, je vous confirme que la première étape de cette entreprise sera la création à Paris d’une agence sous forme d’établissement public industriel et commercial. Le Parlement examinera prochainement un projet de loi créant cet opérateur. Sa mission sera de promouvoir nos idées, notre culture, notre langue, nos savoirs.
De la même manière, je veux créer à l’étranger des établissements à compétences élargies incluant toutes celles dévolues à l’agence. Pour ce faire, je mènerai à bien la fusion des centres culturels avec les services d’ambassades chargés de la coopération et de l’action culturelle. Ces nouveaux établissements seront les relais de l’agence parisienne, mais resteront rattachés aux ambassades et autonomes financièrement.
Par ailleurs, je donnerai un même nom, une même charte de communication, à l’opérateur à Paris et aux établissements à l’étranger. Des liens étroits seront établis entre le réseau et l’agence, aussi bien pour la programmation des activités que pour la gestion des ressources humaines. Des rendez-vous réguliers et substantiels devront permettre de nourrir ce lien. En cas de désaccord, les différends me seront soumis.
Je souhaite qu’après une période de trois ans de mise en œuvre de ce nouveau dispositif, un rendez-vous soit pris pour évaluer son fonctionnement et envisager le rattachement administratif du réseau à l’agence. Je suis personnellement favorable à cette évolution, qui n’est toutefois, compte tenu de ses conséquences administratives et financières, envisageable qu’à terme. Dans mon esprit, la création à Paris et dans les postes d’établissements dotés d’un même périmètre, d’un même nom et de coopérations renforcées, devrait nous permettre d’avancer dans cette direction.
Une équipe sera bientôt nommée pour préparer la mise en place effective de la nouvelle agence. La réforme devra être mise en œuvre immédiatement. Elle bénéficie d’ores et déjà d’un réel effort budgétaire, puisque j’ai obtenu que 40 millions d’Euros, répartis sur 2009 et 2010, viennent abonder notre action culturelle extérieure. C’est à la fois un témoignage de la volonté politique qui préside à cette réforme et la garantie que nous pourrons la mener à bien de façon crédible.
Cette réforme se traduira aussi par une gestion modernisée des ressources humaines, en particulier par un effort exceptionnel en faveur de la formation des femmes et des hommes qui travaillent, avec dévouement, dans notre dispositif de coopération et d’action culturelle. Enfin, elle s’accompagnera de l’élaboration, par la Direction générale de la Mondialisation, d’une stratégie rénovée pour chacun de nos domaines d’intervention et chacune des régions du monde dans lesquelles nous avons l’ambition d’être présents.
Un ministère mieux organisé pour piloter notre action culturelle extérieure, une agence renforcée pour promouvoir notre culture et nos idées, un réseau unifié, plus professionnel et plus visible, pour mettre en œuvre, avec l’appui de l’agence, cette politique sur le terrain, des crédits additionnels pour relancer notre action culturelle : il me semble que les fondements d’une diplomatie d’influence plus dynamique et à l’ambition renouvelée sont désormais posés.
Conscient de votre attachement à cette mission et de vos attentes, j’ai souhaité vous présenter personnellement les décisions que j’ai prises. Je n’ignore rien des défis qui s’attachent à leur mise en œuvre. Je sais pouvoir compter sur chacune et chacun d’entre vous pour contribuer au succès de cette réforme.
Bernard KOUCHNER