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Bonjour à toutes et tous,
Aujourd'hui, la fédération des Sgen-CFDT n'appelait pas à faire grève, cela mérite des explications.
Est-ce à dire que le Sgen-CFDT est satisfait de la politique du ministère ?
Certes non !
En particulier sur le dossier de la formation des enseignants, je suis toujours en colère, mais je pense que la colère froide est plus productive et capable de nous apporter des solutions que l'explosion incontrôlée, même si je la comprends.
Je suis en colère contre le gouvernement, contre les ministres de l'EN, le précédent qui nous a imaginé ce monstre en train de se bâtir, son successeur qui n'a pas réussi à arrêter ce train catastrophe, et contre la ministre de l'enseignement supérieur qui n'a pas su s'opposer à ce projet.
Je suis en colère aussi contre les partenaires syndicaux qui l'ont rendu possible, le Snes qui est satisfait de la disparition du rôle des IUFM pour les futurs collègues du second degré, la FSU toute entière qui s'est abstenue lors du vote sur les fameux décrets qui déclenchent le tout sur un plan règlementaire.
Parce qu'il faut être clair : le dossier mastérisation comporte deux éléments principaux :
Je suis en colère, mais je suis responsable d'une organisation qui, quand elle s'engage, le fait au nom de ses adhérents ; je n'ai pas le droit de les engager dans une impasse, voire même à se battre pour le contraire de ce qu'ils veulent. Je ne suis pas toujours en mesure de l'empêcher : certains militants cultivent volontiers l'idée d'une direction du Sgen qui serait naïve. Eh bien oui, je le reconnais, l'an dernier je n'avais pas imaginé que pendant que nous nous mobilisions pour sauver la formation initiale des maîtres, d'autres allaient profiter de cette mobilisation et des reports que nous avons collectivement obtenus pour avancer les pions d'une régression inacceptable.
Je ne regrette pas les mobilisations de l'an dernier, il fallait le faire. Mais faut-il pour autant, aveuglés par la colère, refaire la même erreur cette année ? Certaines sirènes nous appelle d'ores et déjà à nous mobiliser pour "une toute autre réforme". Laquelle ? Instruit par l'expérience, je dis que si nous ne fixons pas un certain nombre d'objectifs précis à nos mobilisations, nous risquons de nous battre finalement pour "une toute autre réforme" ...encore pire ! Cela je ne le veux pas.
En colère, nous le sommes et nous voulons agir avec ceux qui expriment clairement les mêmes objectifs que nous.
Aussi nous avons aujourd'hui répondu avec l'UNSA (SE et Sup-Recherche) à une initiative de l'UNEF† appelant à la constitution d'une intersyndicale, en rappelant nos objectifs. Nous irons à cette intersyndicale vendredi avec la volonté que la mobilisation se fasse autour de notre conception de la formation et c'est dans ce cadre que nous agirons avec détermination pour exprimer notre colère.
La journée d'aujourd'hui, décidée par la FSU il y a un mois, comporte une multitude de mots d'ordre, o_ chacun peut retrouver ses préoccupations et ses revendications, y compris donc celles que nous soutenons, mais aussi celles que nous combattons !
Par exemple, sur la réforme du lycée, au-delà des interrogations que peuvent provoquer les quelques mesures annoncées par le ministre, il y a bien aussi deux conceptions différentes du lycée : l'une soutenant l'Elitisme républicain comme base de pseudo-démocratisation et de fausse Egalité des chances, en s'opposant notamment à l'autonomie des Établissements comme finalement à l'Evolution du métier et qui se borne à demander des moyens supplémentaires (on y retrouve notamment le Snes, le Snalc, et FO), l'autre qui vise à la réussite de tous les lycéens en prenant en compte chacun et particulièrement les plus faibles en fonction de leurs difficultÈs.par l'accompagnement et le tutorat d'élèves, (on y trouve le Sgen, le SE, les fédérations de parents, les associations pédagogiques). Nous ne pouvons faire comme si ces deux approches n'étaient pas antagonistes. Même si cette réforme n'est pas la nôtre et que nous serons très vigilants sur les conditions de mise en place des quelques leviers proposés et sur les conditions de travail des personnels dans ces changements.
Je comprends parfaitement que la colère conduise des militantes et des militants du Sgen-CFDT à se mobiliser aujourd'hui et d'ailleurs je participerai à la manifestation des Sgen-CFDT d'Ile-de-France à 18 heures devant la rotonde de Stalingrad, mais j'assume parfaitement notre position qui consiste à ne pas appeler les collègues à cette journée ponctuelle de grève qui n'apportera rien si ce n'est des difficultés supplémentaires à se mobiliser par la suite.
Alors, aujourd'hui, exprimons nos colères, de manière diverses sans doute, mais sachons que nous aurons d'autres rendez-vous pour nous battre sur nos véritables objectifs avec toutes celles et tous ceux qui les partagent.
Thierry Cadart