9ème
Conférence des Ambassadeurs
Table ronde
sur la problématique Sécurité et Immigration
Conclusions
orales tirées par le ministre de l'Intérieur, M. Daniel Vaillant
(Paris, 28 août
2001)
L'heure est
venue de tirer quelques enseignements de notre déjeuner de travail.
Sans doute, on ne peut véritablement conclure sur un thème
aussi difficile et complexe, pour lequel les informations foisonnent. Notre
réunion serait plutôt le point de départ d'une approche
renouvelée, compte tenu de l'ampleur de la tâche.
Dans cet esprit,
je peux relever les quelques points suivants :
1 - Le phénomène
migratoire et, en particulier, l'immigration irrégulière
ne relèvent pas d'une situation transitoire, mais sont appelés
à durer, voire à se développer en raison de causes
structurelles ne pouvant changer que sur le long terme (sous-développement,
instabilité politique, violations des Droits de l'Homme…) ;
2 - La lutte
contre l'immigration irrégulière requiert une stratégie
globale pour faire face à la diversité des modes opératoires
développés par les candidats et les filières :
-
nombreuses techniques
pour essayer d'obtenir frauduleusement un visa,
-
maintien en France
des étrangers à l'issue des visas de court séjour,
-
ou encore contournement
du visa, par exemple en recourant à des passeurs ;
A ce titre, le
recueil de l'information par les ambassades est indispensable pour une
action efficace.
3 - Le contrôle
à la source est une priorité de la lutte contre l'immigration
clandestine, en raison des difficultés importantes rencontrées
pour éloigner des étrangers en situation irrégulière
en France.
Pour améliorer
le contrôle à la source, il faut notamment :
4 - Renforcer,
sur place, la coopération policière avec le pays d'origine
ou de transit. Malgré les actions et les efforts entrepris, force
est pourtant de constater que les contrôles effectués par
les compagnies aériennes et les services de police aux aéroports
demeurent insuffisants, particulièrement en Afrique subsaharienne
;
5 - Réfléchir
à des propositions ou initiatives visant à obtenir une meilleure
coopération des autorités des pays sources en matière
de lutte contre l'immigration clandestine. L'exemple de l'Italie est intéressant
à ce titre. (Il s'agit du lien entre l'aide publique française
et les efforts des pays sources) ;
6 - Durcir la
sécurité des documents et l'efficacité des contrôles.
Sous ce chapitre, une série de propositions ont été
faites :
-
renforcer, le cas
échéant, les moyens des consulats ;
-
réfléchir
aux moyens (informatiques notamment) qui permettraient de vérifier
le retour effectif des personnes ayant bénéficié de
visas de court séjour en France ;
-
promouvoir la coopération
consulaire locale, voire envisager un bureau commun pour les pays Schengen
;
-
mutualiser l'action,
notamment des officiers de liaison ;
-
développer
la coopération entre consulats et préfectures. Je retiens
l'idée d'un système plus centralisé et sécurisé
pouvant passer par la création d'une cellule spécialisée
au ministère de l'Intérieur (DLPAJ) ;
-
poursuivre l'harmonisation
de la sécurisation des documents d'identité et de séjour
dans les pays Schengen (la diversité actuelle facilite les fraudes)
;
-
intensifier la
coopération policière opérationnelle pour démanteler
les filières (il s'agit des contacts directs entre services de police
français et étrangers et des équipes d'enquêtes
communes) ;
7 - Mettre
en œuvre des politiques appropriées aux frontières extérieures
de l'Union européenne et dans les pays de transit :
-
améliorer
les moyens de surveillance des frontières dans les pays candidats
à l'Union européenne, dans la perspective de l'élargissement
(moyens, formations, infrastructures …) ;
-
poursuite de la
réflexion sur la police européenne des frontières
;
-
actions dans les
Balkans : exemple de la Bosnie-Herzégovine (exiger des visas comme
pour les pays Schengen et un contrôle des frontières) ;
-
action contre l'attractivité
vers certains pays (lutte harmonisée contre le travail clandestin,
hétérogénéité des législations
au sein de l'Union européenne) ;
8 - Améliorer
la politique des retours et notamment les mesures d'éloignement
:
-
améliorer
la politique pénale en liaison avec le ministère de la Justice
(circulaires…) ;
-
laissez-passer
consulaires (agir auprès des consuls et de leurs autorités)
;
-
développer
l'interprétariat pour mieux identifier la nationalité réelle
des clandestins (Sangatte, zones d'attente…) ;
-
mesures européennes
(législation commune ou harmonisée sur l'asile et l'immigration,
vols "européens"…)./.
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