Le 2ème Conseil de modernisation des politiques publiques réuni le 4 avril a adopté un train de mesures après une concertation réduite au minimum que dénonçait François Chérèque dans Les Echos le 2 avril :

Craignez-vous que la réforme de l'Etat se résume à une politique de rigueur ?

Entre les 35 000 suppressions d'emplois et la faible hausse des salaires, pour la fonction publique, la rigueur est déjà là. Je crains que, de surcroît, la réforme de l'État se fasse à la serpe. Les fonctionnaires n'ont pas du tout été associés à l'évaluation des politiques publiques alors qu'impliquer les salariés et l'encadrement dans ce type de démarche est le b.a.-ba du management. Nous sommes à la veille d'un conseil de modernisation des politiques publiques décisif et je rencontre des responsables d'administration et même des ministres qui ne savent pas ce qui va se passer ! Cette méthode incroyable crée une situation très anxiogène dans la fonction publique. Ajoutez-y la question des retraites des fonctionnaires et la rigueur salariale, cela constitue un cocktail explosif, qui rappelle 1995 ou 2003.

Nous reproduisons ici deux fiches : Modernisation de l'action extérieure et Aide publique au développement


LA MODERNISATION DE LA POLITIQUE D’ACTION EXTÉRIEURE DE L’ÉTAT

Quelles sont les missions exercées ?

La politique d’action extérieure de l’État vise à promouvoir et à défendre, à l’étranger et vis-à-vis de nos partenaires, les intérêts et valeurs de la France et des citoyens français. Dans ce cadre, cinq missions sont exercées :

Pourquoi changer ?

Aujourd’hui, la politique d’action extérieure de l’État s’exerce dans un contexte marqué à la fois par l’internationalisation croissante des risques (migrations, menace terroriste, sécurité sanitaire et alimentaire, changement climatique, maîtrise des approvisionnements en ressources naturelles), par l’émergence de partenaires et d’instruments nouveaux dans un contexte de concurrence accrue, et par le poids croissant des acteurs infra ou supra-étatiques (collectivités territoriales, ONG, fondations, fonds souverains, grandes multinationales). Ces évolutions profondes sont au cœur des réflexions de la Commission du livre blanc sur la politique étrangère qui a remis un rapport intérimaire le 31 mars 2008 ainsi que du livre blanc du ministère des Finances, de l’Industrie et de l’Emploi.

Dans ce contexte profondément bouleversé, face à une concurrence plus forte, nous pouvons renforcer notre influence par une concentration accrue de nos moyens, rendant ainsi notre action plus lisible et visible. Au sein de l’administration, les tâches de gestion occupent une place croissante, au détriment de l’analyse transversale des enjeux, du pilotage stratégique des opérateurs et de la coordination des différentes composantes de l’action extérieure de l’État, sur le terrain comme à Paris. Plus généralement, il apparaît nécessaire de rendre la politique extérieure moins étrangère aux citoyens français.

Quelles sont les orientations de la réforme et les avantages attendus ?

Il s’agit de conforter l’avantage comparatif de notre pays dans cet environnement évolutif et concurrentiel, et celui qui revient à l’État dans ce cadre. À cet effet, les objectifs visent à :

Quelles sont les premières décisions adoptées ?

Une présence française universelle mais modulée selon la nature de nos intérêts : l’universalité du réseau à l’étranger, qui constitue un réel avantage comparatif, sera préservée. Mais ce réseau fera l’objet d’un recalibrage important dans une optique d’interministérialité, en fonction des missions qui lui sont imparties et des enjeux stratégiques. En introduisant un principe de modularité, cette réorganisation vise à garantir la capacité du réseau français à s’ajuster aux évolutions et aux perspectives géostratégiques :

Sur le terrain, l’ambassadeur a vocation à animer et à diriger les différentes composantes de l’action extérieure de l’État, autour de pôles de compétences sur le modèle du préfet en métropole. Ainsi, en Allemagne, des pôles de compétence seront mis en place pour faciliter le travail et la coordination interministérielle appuyés par un pôle support. Cette expérience en Allemagne pourra à terme être généralisée en Europe pour donner une vraie dimension interministérielle à nos ambassades bilatérales européennes. La mutualisation des fonctions support des différents services de l’État présents à l’étranger sera renforcée. Des services communs de gestion à vocation interministérielle seront ainsi systématisés.

La répartition et le niveau de nos contributions internationales feront l’objet, en liaison avec nos partenaires, d’un réexamen détaillé et approfondi, en fonction notamment de leur impact sur l’objectif poursuivi.

Au niveau de l’administration centrale, la vocation du ministère des Affaires étrangères et européennes à assurer la synthèse et la cohérence de la politique extérieure de la France sera confortée par la mise en place de mécanismes ad hoc de consultations interministérielles. À cet effet, l’ouverture du ministère sera accentuée, afin de garantir sa vocation interministérielle.

Une dynamisation de la gestion de notre appareil d’action extérieure : le regroupement, la mutualisation et l’externalisation au moins partielle d’un certain nombre de fonctions support (notamment achats, intendance courante, maîtrise d’œuvre informatique, gestion du patrimoine immobilier) seront mis en œuvre dès lors que ces formules pourront procurer des gains d’efficacité. Ainsi, sera notamment étudiée la création d’une Foncière de l’État à l’étranger chargée de la gestion de l’ensemble du patrimoine immobilier de l’État à l’étranger. Une mission de préfiguration, confiée à l’Inspection générale des finances et à l’Inspection générale des affaires étrangères, en précisera le fonctionnement. Ces évolutions permettront de dégager à terme des gains de productivité, d’alléger les services chargés de la gestion et de l’administration générale et de recentrer l’État sur son cœur de métier.

Une modernisation en profondeur de la fonction consulaire : confrontée à une demande en forte croissance (expatriation, tourisme, immigration), la mission consulaire évoluera sensiblement :

Une attention particulière sera portée au renforcement des capacités de gestion des crises, avec la mise en place dès l’été 2008 au ministère des Affaires étrangères et européennes d’un centre opérationnel de réaction aux crises à vocation interministérielle.

Une organisation nouvelle donnée à nos dispositifs de diplomatie publique d’influence, confrontée à la diversification des partenaires, des publics, et des instruments, dans un contexte de concurrence accrue :

Une attention particulière sera portée au système français d’enseignement à l’étranger, instrument majeur d’influence et d’attraction des élites étrangères. L’association du secteur privé, des acteurs de la formation supérieure et universitaire et du monde de la recherche ainsi que celle des collectivités territoriales sera renforcée, afin de garantir une meilleure synergie avec l’effort important consacré à l’enseignement français à l’étranger.

Dans le domaine économique, le transfert progressif à UbiFrance des activités de nature commerciale (soutien à l’exportation des PME) simplifiera le dispositif d’appui aux entreprises françaises. Cette clarification a son équivalent dans les régions avec l’intégration des directions régionales du commerce extérieur aux directions régionales qui regrouperont l’ensemble des services régionaux du ministère de l’Économie, de l’Industrie et de l’Emploi. Dans les deux cas, les synergies avec le réseau des chambres de commerce et d’industrie, à l’étranger et en France, seront recherchées. La nécessité d’accorder une place croissante à la dimension économique dans notre dispositif diplomatique conduira à développer la formule des postes mixtes (consulats et missions économiques).

Quel est le calendrier de mise en œuvre ?

Les différentes réformes entreront en vigueur entre 2009 et 2011, en intégrant les conclusions de la Commission du livre blanc sur la politique étrangère et européenne. Le recalibrage des réseaux diplomatique, consulaire, culturel et économique interviendra progressivement à compter de 2009. Deux expériences pilotes, incorporant les fonctions support et portant sur l’ensemble des services extérieurs de l’État, seront immédiatement mises en œuvre en Allemagne et au Sénégal. La reconfiguration des services d’administration centrale se fera dans le cadre de l’emménagement dans de nouveaux locaux prévus en 2009.

Les nouveaux contrats d’objectifs et de moyens avec les opérateurs seront conclus avant le début 2009, en cohérence avec le budget triennal 2009 -2011.


LA MODERNISATION DE LA POLITIQUE D’AIDE AU DÉVELOPPEMENT

Quelles sont les missions exercées ?

L’aide publique au développement constitue un des fondements de notre politique étrangère et de l’image de marque de la France, à l’international comme dans l’opinion publique. Essentiellement axée sur une logique de solidarité à l’égard des pays les plus pauvres, elle repose également sur une logique d’influence, de stabilisation des États fragiles et, de façon plus récente, de sauvegarde des « biens publics mondiaux » (santé, environnement, sécurité alimentaire, diversité culturelle).

Pourquoi changer ?

Cette politique s’exerce aujourd’hui dans un environnement profondément remanié par :

Parallèlement, le lien évident entre le développement et l’ensemble des problématiques de sécurité du monde contemporain (migrations, terrorisme, environnement, sécurité sanitaire et alimentaire, sécurisation des marchés et des approvisionnements) souligne l’enjeu majeur de cette politique publique spécifique. Par ailleurs, l’ampleur des besoins de base pour les populations des pays en développement, dans les domaines de la santé et de l’éducation en particulier, impose le maintien d’un devoir de solidarité, alors que l’atteinte des objectifs du millénaire pour le développement a pris du retard.

Dans ce contexte devenu fortement concurrentiel, l’aide française paraît paradoxalement confrontée à un certain nombre de handicaps :

Quelles sont les orientations de la réforme ?

Il s’agit de restaurer l’avantage comparatif qui a longtemps été celui de notre pays dans ce domaine, en privilégiant une logique de partenariat fondée sur l’intérêt mutuel. Une stratégie plus lisible sera définie, qui identifie les priorités et hiérarchise les engagements budgétaires, précise leur lien avec les enjeux domestiques, et privilégie une évaluation en termes de résultats plus que de moyens.

Quelles sont les premières décisions adoptées ?

Six principaux axes ont été identifiés :