Enregistré à la présidence de l'Assemblée nationale le 30 juin 2010.
ENSEIGNEMENT FRANÇAIS
À L’ÉTRANGER : (30 juin 2010) Proposition n° 1 : Suspendre le dispositif de prise en charge Suspendre le dispositif de prise en charge au profit d’un mécanisme de bourses. Instituer, de façon différenciée selon un barème établi par pays de résidence, un plafond quant aux droits d’écolage pris en charge. Proposition n° 2 : Opérer un triple recalibrage budgétaire 1) Recalibrer la dotation budgétaire à due concurrence de la charge que
représentent les transferts immobiliers opérés au profit de l’AEFE ; Proposition n° 3 : Ouvrir l’éventail des partenariats et des financements 1) Étudier la possibilité de mobiliser le mécénat en faveur de l’enseignement
français à l’étranger. À cette fin, identifier les évolutions législatives
et réglementaires nécessaires pour permettre un tel recours au mécénat.
Proposition n° 4 : Améliorer la visibilité des financements et des comptes 1) Élaborer, pour chaque pays, une grille de tarification formalisée au
sein d’un plan pluriannuel. Proposition n° 5 : Adapter le réseau aux besoins nouveaux : de la carte prospective du réseau aux chartes d’établissement 1) Établir une cartographie de nature prospective du réseau reposant notamment
sur les besoins identifiés à moyen-long terme, évalués notamment en fonction
de la présence des expatriés français, des entreprises françaises, des besoins
de scolarisation des familles locales, des intérêts diplomatiques de la France
dans chaque zone considérée et de l’importance des échanges culturels et commerciaux
entre la France et chaque pays considéré. Proposition n° 6 : Mettre en oeuvre une stratégie de l’immobilier à l’étranger 1) Établir un diagnostic complet et précis du parc immobilier : son étendue,
son état, ses coûts (fonctionnement et investissement), l’état des besoins
en termes de réhabilitation et de développement etc. Proposition n° 7 : Enrichir les outils et les contenus pédagogiques 1) Développer l’homologation des établissements locaux. Encadrer la procédure,
notamment en subordonnant l’obtention de ce statut à l’acceptation par l’établissement
d’un contenu et de techniques pédagogiques spécifiques. Instituer des contrôles
en partenariat avec les inspections locales pouvant aboutir, le cas échéant,
au retrait de l’homologation. Proposition n° 8 : Clarifier le partage des rôles 1) La direction exercée par le ministère des Affaires étrangères et européennes
en matière de politique d’influence doit se manifester par la définition d’une
offre éducative d’ensemble cohérente, attractive et reconnue, qui prévoit
la coordination et l’articulation des activités des différents acteurs de
l’enseignement français à l’étranger. Proposition n° 9 : Professionnaliser 1) Sans méconnaître la diversité des situations locales, ne pas laisser
descendre sous un seuil minimal la proportion de titulaires de l’Éducation
nationale (expatriés ou résidents), afin que la mixité de l’équipe pédagogique
permette d’assurer la qualité et la diversité de l’enseignement. |
RAPPORT COMPLET
Fichier PDF du Rapport (version de
travail)
SOMMAIRE
INTRODUCTION
I.– ÉTAT DES LIEUX DE L’ENSEIGNEMENT FRANÇAIS À L’ÉTRANGER
A.– DES ACTEURS MULTIPLES
B.– UN RÉSEAU UNIQUE AU MONDE
1.– L’Agence pour l’enseignement français à l’étranger
2.– La Mission laïque française
3.– L’Alliance israélite universelle
C.– LES DÉFIS À RELEVER
1.– Les orientations générales
2.– Les contraintes
II.– ASSURER AU RÉSEAU UN ÉQUILIBRE ÉCONOMIQUE VIABLE
A.– LA PRISE EN CHARGE DES DROITS D’ÉCOLAGE : LES COÛTS DE LA « GRATUITÉ »
1.– Le dispositif de prise en charge : principes
2.– Un coût juridique qui n’est pas à écarter : le risque d’une contradiction avec le droit communautaire
3.– Un coût financier exponentiel et difficilement maîtrisable
a) Une « gratuité » à 700 millions d’euros à terme ?
b) Des mesures de régulation qui ne sont pas à la hauteur de l’enjeu financier
4.– Un coût politique et social : effets d’éviction, effets d’aubaine et inéquités
a) Un effet d’éviction des élèves locaux, garants de l’équilibre économique du réseau et porte-voix de la culture française
b) Un potentiel effet d’aubaine pour les entreprises : la transformation d’une charge privée en charge publique
c) Des inéquités entre expatriés
B.– DES CHARGES DE PLUS EN PLUS LOURDES ET NON COMPENSÉES
1.– Immobilier : des transferts de gestion coûteux
2.– Les contributions aux pensions des fonctionnaires détachés : une nouvelle responsabilité
3.– Un fonds de roulement insuffisant à l’acquittement des missions de l’AEFE
C.– LE FINANCEMENT DU RÉSEAU : STABILISER ET CONSOLIDER LES RESSOURCES, CLARIFIER LES COMPTES
1.– Explorer et développer de nouvelles voies de financement
a) Le recours au mécénat
b) Valoriser la « marque France »
c) Mobiliser nos partenaires au niveau local
2.– Pour une double clarification des financements
a) Encadrer l’évolution des droits d’écolage pour plus de visibilité
b) Améliorer la présentation des comptes pour plus de clarté et de sincérité
III.– ADAPTER L’OFFRE AUX DEMANDES DANS UN CADRE BUDGÉTAIRE CONTRAINT
A.– DÉTERMINER UNE STRATÉGIE CLAIRE D’ÉVOLUTION DU RÉSEAU
1.– Identifier les besoins à moyen-long terme
2.– Assurer la cohérence d’un futur plan de développement de l’enseignement français à l’étranger
B.– DÉSAMORCER LA BOMBE À RETARDEMENT IMMOBILIÈRE
1.– Établir un diagnostic précis du parc immobilier et définir un plan d’investissement pluriannuel cohérent
2.– Dégager les marges de manoeuvre financières nécessaires
3.– Développer l’expertise immobilière de l’AEFE
C.– IMAGINER DES STRATÉGIES DE DÉVELOPPEMENT ORIGINALES
1.– Renforcer la coopération avec les autorités et systèmes d’enseignement locaux : pour de nouveaux modes de présence scolaire de la France à l’étranger
2.– Mobiliser plus efficacement les partenaires de l’enseignement français à l’étranger
a) Renforcer le partenariat avec le Cned et valoriser son action
b) Tirer parti de toutes les potentialités de l’Audiovisuel extérieur de la France
IV.– QUEL RÉSEAU POUR QUELLES MISSIONS ?
A.– QUELLE GOUVERNANCE ?
1.– Sous la direction du ministère des Affaires étrangères, la coordination entre les multiples acteurs doit progresser
2.– Le rôle du ministère de l’Éducation nationale doit être renforcé
3.– Vers une plus grande autonomie des établissements ?
B.– RENFORCER L’ACCOMPLISSEMENT DES MISSIONS ÉDUCATIVES
1.– Un réseau à évaluer
2.– Une politique de gestion des enseignants à mettre en oeuvre
a) La proportion de titulaires
b) La formation et la professionnalisation des enseignants
3.– Répondre aux demandes des pays hôtes
a) L’enseignement bilingue : un impératif dans les pays anglophones
b) Le développement d’un enseignement professionnel
4.– Assurer un meilleur chaînage avec l’enseignement supérieur français
C.– L’AVENIR DU RÉSEAU : AU-DELÀ DES ASPECTS BUDGÉTAIRES, UNE QUESTION AVANT TOUT POLITIQUE
Depuis une quinzaine d’années, le Quai d’Orsay connaît une contrainte sérieuse sur ses crédits. Les perspectives budgétaires triennales pour 2009-2011 ne constituent donc ni un changement de cap ni une surprise. L’enjeu est tout autre : pour accomplir ses missions régaliennes et maintenir, voire renforcer la place de la France dans le monde, le ministère doit s’adapter, et procéder à une forme de mutation culturelle. C’est une ambitieuse politique de modernisation qui accompagne la mise en .oeuvre de la RGPP et qui affecte l’enseignement français à l’étranger.
Les mesures préconisées par le présent rapport sont souvent coûteuses, toutefois elles ne recouvrent pas nécessairement des dépenses nouvelles mais s’analysent davantage comme les investissements nécessaires au fonctionnement normal du réseau : il s’agit de la remise à niveau minimale de l’immobilier, de la compensation des charges de pensions, du maintien d’une proportion raisonnable de titulaires, du développement de l’enseignement technique, de la mise en .oeuvre d’une évaluation réelle et efficace.
En même temps, plusieurs propositions vont dans le sens des économies budgétaires comme la réorientation du réseau dans le sens de l’homologation, la labellisation de structures étrangères, et surtout la suspension de la PEC.
Pour le reste, si les recettes supplémentaires évoquées sont incertaines et pourraient seulement constituer des ressources d’appoint, leur valorisation doit être activement recherchée : le développement du mécénat, la mobilisation des collectivités territoriales, celle des entreprises, celle des partenaires étrangers. Les autres recettes directes de l’AEFE, quant à elles, sont aléatoires et non extensibles (recours à l’emprunt par exemple). Elles peuvent néanmoins permettre de dégager des marges de man.oeuvre, fussent-elles modestes. Tous les leviers possibles doivent être actionnés, même si des questionnements demeurent. La pratique d’une tarification au coût réel est-elle réaliste, alors que les droits d’écolages connaissent déjà, depuis plusieurs années, des augmentations très considérables ? Le recours accru à l’autofinancement, c'est-à-dire à l’accroissement des frais de scolarité, a pour effet d’exclure les élèves étrangers, et les conduit à s’adresser aux établissements concurrents.
Toutefois, au-delà de contraintes budgétaires réelles et aggravées par un contexte économique morose, il convient d’opérer un choix politique clair quant à l’avenir de notre réseau et d’en tirer toutes les conséquences, en utilisant de la manière la plus efficiente possible des moyens budgétaires qui ne sont pas extensibles.
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ANNEXES