TANANARIVE

 

    La communauté Française à Madagascar dont 11200 sont immatriculés à Tananarive à recommencé à croître. Plusieurs facteurs concourent à cette croissance : une forte natalité, la libéralisation du régime qui permet aux binationaux de se déclarer d’où le grand nombre de certificats de nationalité française que le tribunal de Saint Denis de la Réunion délivre après une longue période de blocage. 3000 à 4000 personnes s’immatriculeront dans les prochaines années, dès réception de leur CNF, on estime à 2000 ceux qui pourraient régulariser leur situation sur la même période. Même en tenant compte des départs vers la Réunion, la communauté française de Madagascar pourrait atteindre le chiffre de 25000 dans les 5 années à venir. C’est une communauté très pauvre, prolétarisée dès avant l’indépendance et dont les conditions se sont beaucoup dégradées depuis.

 

    Approche démographique des français immatriculés auprès du consulat général de France.

 

 

    La population immatriculée au près du consulat de Tananarive est jeune (plus de 35% a moins de 18ans) et " équilibrée ", chaque sexe représentant environ la moitié de la population totale. Cet équilibre se maintient au-delà de 65 ans, les hommes de plus de 65 ans étant légèrement plus nombreux que les femmes du même âge. On retrouve le déficit traditionnel des classes d’âge 20-28 ans, propre à la plupart des communautés de français résident à l’étranger.

    Les expatriés temporaires ne représentent que 10% de la population immatriculée. Par contre, la sous-population des doubles-nationaux représente 57% des immatriculés (53% pour les hommes et 61% pour les femmes). Les doubles-nationaux de moins de 25 ans représentent 67% des immatriculés du même âge. Pour les plus de 30 ans, la part des doubles nationaux est de 57% chez les femmes contre seulement 42% chez les hommes.

     

    Le taux d’activité des immatriculés est faible : 34%, 46% pour les hommes et 21% pour les femmes. Les femmes occupées représentent 41% des immatriculées de plus de 24 ans et de moins de 66 ans. Il est clair que les 12 chômeurs immatriculés ne sont pas représentatifs, et que bon nombre d’inactifs sont en fait des demandeurs d’emploi

 

HOMMES FEMMES ENSEMBLE
AGRICULTEURS
46
10
56
ARTISANS COMMERCANTS CHEFS D'ENTREPRISES
774
178
952
CADRES PROFESSIONS INTELLECTUELLES
952
266
1218
PROFESSIONS INTERMEDIAIRES
451
421
872
EMPLOYES
281
237
518
OUVRIERS
65
9
74
ACTIFS A LA RECHERCHE D'UN EMPLOI
8
4
12
RETRAITES
205
77
282
AUTRES INACTIFS
2828
4203
7031
ENSEMBLE
5610
5405
11015

    Tableau 12: Répartition des immatriculés selon la position professionnelle.

 

hommes
femmes
ensemble
AGRICULTEURS
1,79%
0,89%
1,52%
ARTISANS, COMMERCANTS, CHEFS D'ENTREPRISES
30,13%
15,88%
25,80%
CADRES, PROFESSIONS INTELLECTUELLES
37,06%
23,73%
33,01%
PROFESSIONS INTERMEDIAIRES
17,56%
37,56%
23,63%
EMPLOYES
10,94%
21,14%
14,04%
OUVRIERS
2,53%
0,80%
2,01%

    Tableau 13: Poids relatif des catégories socioprofessionnelles.

    Avec 33% de cadres et de professions intellectuelles, le niveau de qualification de la population occupée, si on la compare aux autres populations françaises de l’étranger, doit être considérée comme particulièrement faible. Par ailleurs, la proportion élevée d’artisans, commerçants et chefs d’entreprises, 26% pour l’ensemble et 30% pour les hommes, masque en fait des stratégies de survies, beaucoup d’entre eux ayant des activités informelles (petit artisanat, broderie, couture, vente ambulante, etc.).

    C’est aussi sous cet angle qu’il faut interpréter la prépondérance du secteur tertiaire qui regroupe 88% des actifs occupés (95% pour les femmes).

     

    Etude des familles ayant sollicité une bourse.

     

    L’étude porte sur 746 dossiers choisis aléatoirement parmi 1027, le taux de couverture de 72,5% assure une bonne fiabilité des estimations. 60% seulement des familles étudiées résident à Tananarive.

     

    Caractéristiques générales des familles boursières.

%
nombre moyen d'enfants
FAMILLES BIPARENTALES
69,1%
2,68
FAMILLES MNOPARENTALES
30,9%
2,53
dont    
parent célibataires
52,7%
 
parents divorcés
27,8%
 
parent veuf
19,6%
 
     
ENSEMBLE  
2,65

    Tableau 14: Nombre moyen d'enfants selon la structure de la famille.

    Plus de 30% des familles boursières sont monoparentales, plus de la moitié de ces familles se sont constituées autour d’un parent célibataire.

    Le nombre moyen d’enfants par familles est élevé (2,65) et le différentiel entre familles monoparentales et familles biparentales est faible. 48% des familles ont 3 enfants ou plus (46% pour les monoparentales, 49% pour les biparentales). 18% des familles ont 4 enfants ou plus (21% pour les familles monoparentales !).

 

 

1enfant 2 enfants 3 enfants 4 enfants 5 enfants 6 enfants et plus
familles biparentales
12%
39%
31%
12%
3%
3%
familles monoparentales
22%
32%
25%
15%
3%
3%
ensemble
14%
38%
30%
12%
3%
3%

    Tableau 15: Distribution des familles en fonction du nombre d'enfants.

    82% des pères de familles boursières et 87% des mères ont la nationalité française. Cependant, 90% des pères et 92% des mères sont nés à Madagascar. 83% des familles biparentales ont deux parents nés à Madagascar, elles ont en moyenne 2,71 enfants. 11% des familles ont au moins un des deux parents nés en France, elles ont en moyenne 2,41 enfants (cette moyenne tombe à 2 pour les familles dont les deux parents sont nés en France).

 

    Condition de vie des familles boursières.

    Le statut professionnel des parents.

    16% des pères de familles déclarent n’avoir aucun statut professionnel. Parmi les 84% restant, la répartition entre les différentes positions diverge fortement de la même répartition calculée sur l’ensemble des hommes immatriculés, moins de cadres de commerçants et d’artisans, plus d’ouvriers et d’employés. Avec 41% de mères occupées, les mères de familles boursières ont un comportement qui correspond à l’ensemble des immatriculées. Toutefois, comme pour les hommes, leur répartition dans les divers emplois diverge de la même répartition calculée sur l’ensemble des immatriculées, les catégories qualifiées étant moins représentées. Il semble donc que les critères d’attribution des bourses d’une part, et l’offre du système scolaire français d’autre part, facilite plus la scolarisation d’enfant de familles plus défavorisées que la moyenne des immatriculés que dans les autres pays étudiés.

  Pères Mères
Se déclarent sans professions
15,9%
58,9%
Déclarent avoir ou avoir eu une profession
84,1%
41,1%
dont :    
Agriculteurs exploitants
5,9%
3,7%
Commerçants, artisans et chefs d’entreprises
13,8%
25,9%
Cadres et professions intellectuelles
17,0%
17,2%
Professions intermédiaires
17,2%
14,1%
Employés
25,7%
33,3%
Ouvriers
12,3%
1,7%
Chômeurs
3,0%
3,0%
Retraités
5,1%
1,0%

    Tableau 16: Répartitions des parents en fonction du statut professionnel.

 

 

Pères
Mères
AGRICULTEURS
5 317,33 F
1 258,00 F
ARTISANS, COMMERCANTS, CHEFS D'ENTREPRISES
11 207,68 F
3 443,53 F
CADRES, PROFESSIONS INTELLECTUELLES
16 264,71 F
6 403,00 F
PROFESSIONS INTERMEDIAIRES
16 767,85 F
9 721,62 F
EMPLOYES
8 284,88 F
6 535,04 F
OUVRIERS
4 854,24 F
6 753,00 F

    Tableau 17: Revenu annuels moyen des deux parents en fonction de la catégorie socioprofessionnelle.

    Les revenus moyens respectent à peu prés la hiérarchie des qualifications, l’inversion entre les cadres, professions intellectuelles et professions intermédiaires est liée au fait que beaucoup de cadres exercent leur activité dans le secteur public, ce qui n’est pas le cas des professions intermédiaires. S l’on excepte la catégorie des ouvriers, l’écart entre homme et femme est considérable. Cet écart est particulièrement élevé pour la catégorie des artisans et commerçants en raison du caractère précaire d’une part importante d’emplois féminins dans cette position professionnelle.

    L’importance de la catégorie des commerçants et artisans, moindre il est vrai pour les familles boursières que pour l’ensemble des immatriculés, est largement due à des situations que l’on peut considérer comme précaires. La précarité des emplois occupés a été appréciée à partir des déclarations des familles. Ont été considérés comme précaires les emplois suivant :

    Pour les femmes : brodeuse, aide brodeuse, couturière, aide couturière, femme de ménage, vendeuse ambulante ou de produits faits à la maison, " gargotière " et " bricoleuse ".

    Pour les hommes : bénévole, brodeur, bateleur, vendeur ambulant ou de produits faits à la maison, collecteur de produits locaux, petit planteur, pêcheur, " tâcheron ", " bricoleur " et " gargotier ".

    22,4% des femmes occupées ont un emploi précaire, contre seulement 7% des hommes occupés. 68% des femmes qui ont un emploi précaire sont chef d’une famille monoparentale.

    La précarité de l’emploi s’accompagne d’une forte différence de revenu :

 

 
Pères
Mères
Emplois non précaires
11 194,22 F
4 033,28 F
Emplois précaires
6 017,75 F
1 516,17 F

    Tableau 18: Revenus et précarité de l'emploi.

    les revenus des familles.

    14% des familles déclarent n’avoir aucun revenu et pour la moitié de ces familles aucun parent ne déclare d’activité professionnelle.

    Pour les 86% des familles restantes le revenu mensuel moyen est de 856 F et varie sensiblement en fonction de la catégorie socioprofessionnelle du chef de famille.

 

CS DU CHEF DE FAMILLE
Revenu mensuel moyen
AGRICULTEURS
392 F
ARTISANS, COMMERCANTS, CHEFS D'ENTREPRISES
682 F
CADRES, PROFESSIONS INTELLECTUELLES
1 275 F
PROFESSIONS INTERMEDIAIRES
1 292 F
EMPLOYES
678 F
OUVRIERS
449 F
ENSEMBLE 856 F

    Tableau 19: revenu total des familles en fonction de la catégorie socioprofessionnelle du chef.

     

    les conditions de logement.

    Prés de 38% des familles sont logées gratuitement, à peine plus de 20% sont propriétaires de leur logement. Ce sont les cadres qui bénéficient le plus de logements gratuits (44%), les agriculteurs qui sont le plus souvent propriétaires (40%) et les artisans et commerçants qui sont le plus souvent locataires (53%).

 

CS du chef de famille locataires propriétaires logés à titre gratuit
AGRICULTEURS
8
14
15
ARTISANS, COMMERCANTS, CHEFS D'ENTREPRISES
61
22
32
CADRES, PROFESSIONS INTELLECTUELLES
31
23
43
PROFESSIONS INTERMEDIAIRES
44
19
45
EMPLOYES
88
31
70
OUVRIERS
31
14
21
ENSEMBLE
312
161
287

    Tableau 20: distribution des familles en fonction du statut d'occupation du logement et de la catégorie socioprofessionnelle du chef.

 

Statut d’occupation du logement
Revenu mensuel moyen
LOCATAIRES
852,65 F
PROPRIETAIRES
836,43 F
LOGES A TITRE GRATUIT
727,18 F

    Tableau 21: Revenu mensuel des familles en fonction du statut d'occupation du logement.

 

 

    Le revenu moyen varie peu en fonction du statut d’occupation du logement. Il faut donc s’attendre à ce que les familles locataires soient défavorisées.

    En effet, il reste en moyenne 259F par mois à une famille locataire une fois payés les frais liés au logement à l’énergie et au téléphone, alors qu’il reste 577 F à une famille logée gratuitement et 511 F à une famille propriétaire de son logement. Ce sont les commerçants et artisans qui sont les plus défavorisés, puisqu’ils n’équilibrent pas leurs comptes, rappelons que c’est parmi eux que l’on compte le plus d’emplois précaires.

 

CS du chef de famille revenu mensuel loyer mensuel coût mensuel de l'énergie coût mensuel du téléphone
AGRICULTEURS
478 F
137 F
123 F
186 F
ARTISANS, COMMERCANTS, CHEFS D'ENTREPRISES
742 F
372 F
163 F
262 F
CADRES, PROFESSIONS INTELLECTUELLES
1 286 F
606 F
164 F
218 F
PROFESSIONS INTERMEDIAIRES
1 174 F
498 F
160 F
153 F
EMPLOYES
624 F
225 F
87 F
51 F
OUVRIERS
443 F
159 F
58 F
12 F
ENSEMBLE
853 F
353 F
115 F
126 F

    Tableau 22: Eléments du budget des familles locataires.

 

    Etude des personnes âgées allocataires du CCPAS.

    Sur 206 personnes âgées allocataires du CCPAS, 46 sont sans revenu (43%). Leur âge moyen est de 75 ans. Parmi elles on trouve les 8 allocataires pensionnaires de la maison de retraite.

    Les 160 allocataires restant disposent en moyenne d’un revenu mensuel avant allocation de 173,60 F.

    Si l’on compare les revenus sous l’angle du statut matrimonial Les allocataires mariés sont moins défavorisés que les autres catégories, avec 201 F par mois, (218 F pour les femmes mariées). Avec respectivement 166 F et 181 F de revenu mensuel moyen avant allocation, les femmes et les hommes se différencient peu.

 

Nombre d'allocataires Revenu moyen avant allocation
divorcés ou séparés
7
140 F
célibataires
18
105 F
mariés
69
201 F
veufs
65
166 F

    Tableau 23: Revenu avant allocation selon le statut matrimonial.

    L’étude des revenus moyens avant allocation en fonction de l’âge montre qu’à partir de 66ans, le revenu à tendance à décroître avec l’âge. Notons que le faible nombre d’allocataires de moins de 66 ans ne permet pas de considérer comme représentatifs les moyens de ces catégories.

 

    Conclusion

    40% au moins des français immatriculés à Madagascar vivent dans des conditions infranormales. Tout l’effort doit porter sur les enfants et les jeunes afin que leur formation scolaire et professionnelle les amènent à rompre la spirale de la reproduction de la misère dans laquelle cette communauté s’enfonce depuis quatre générations.

 

 

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